L’Aïd sous confinement total en Algérie
La recommandation du comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de Covid-19 devrait inciter le gouvernement à durcir, à l’occasion de cette fête religieuse, le dispositif de confinement en vigueur.
Les membres du comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de Covid-19 recommandent le renforcement du dispositif de confinement en vigueur et l’ensemble des mesures préventives qui l’accompagnent, par la mise en quarantaine totale durant les deux jours de fête de l’Aïd. C’est ce qui ressort de l’intervention faite hier par le président du comité scientifique et ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, lors du point de presse consacré quotidiennement à l’évolution de l’épidémie de coronavirus.
Cette proposition de confinement total durant les deux jours de l’Aïd faite par les scientifiques, s’assigne l’objectif d’empêcher la circulation du virus en pareille circonstance où de grands rassemblements interfamiliaux auront généralement lieu. Dans le cas où le gouvernement prend en compte cette suggestion du comité scientifique, le fête de l’Aïd el-Fitr marquant la fin de l’épreuve d’un mois jeûne ne sera pas célébrée comme les années précédentes.
Ainsi, aucun déplacement ne devrait être autorisé, à l’occasion. Les mosquées devarient rester fermées et les prières collectives de l’Aïd interdites sur les esplanades et les places. D’ailleurs le ministère des Affaires religieuses a décrété une fetwa autorisant la prière de l’Aïd individuellement à la maison ou entre les membres d’une même famille.
Le décompte fait et communiqué quotidiennement depuis le début du Ramadhan, soit depuis le 23 mars, frôle tous les jours la barre des 190 cas positifs au coronavirus, avec un pic de 199. La mise à jour d’hier vendredi a fait ressortir un total de 6 629 porteurs confirmés dont 3 315 ont été testés positifs durant les 21 jours du mois de Ramadhan.
Les grands rassemblements et les déplacements familiaux pour échange de vœux devraient être également interdits pendant ces deux jours. Et dans ce cas, cette cérémonie religieuse tant attendue par le jeûneur sera observée avec un goût bien particulier, sans l’ambiance traditionnelle de la fête religieuse. Cette nouvelle disposition préventive exceptionnelle illustre encore une fois le bon compromis existant entre le politique et le scientifique.
La mise en quarantaine des populations pendant ces deux jours tend à consolider les acquis, certes relatifs enregistrés jusque-là dans la lutte contre la pandémie de coronavirus. Lesquels acquis sont observables par la baisse importante des malades intubés durant la réanimation et par la décrue du nombre de décès qui se situe au palier des 5 morts.
Le virus qui contamine une moyenne de 170 personnes par jour depuis le début du Ramadhan, risque de se propager encore plus dans la société, au vu des traditions et des pratiques liées aux fêtes de l’Aïd.Ces fêtes suggèrent les échanges de vœux par un contact direct et par des déplacements interfamiliaux.
Les membres du corps médical qui sont toujours sur le front au péril de leur vie rappellent qu’une mise en quarantaine totale contribuera à anticiper sur le risque d’apparitions de nouveaux foyers.
Les scientifiques ne cessent de rappeler, en s’appuyant sur des analyses chiffrées, que 80% des patients infectés au Covid-19 sont asymptomatiques d’où la dangerosité de cette maladie émergeante.Le moindre relâchement risque d’être fatal. En fait, les bilans enregistrés ces derniers jours plaident bien pour le maintien et le renforcement du dispositif de confinement reconduit pour la quatrième fois jusqu’au 30 du mois en cours.C’est-à-dire, plus de la moitié du bilan national des contaminations depuis l’apparition de l’épidémie a été recensé en trois semaines seulement, alors que le reste soit 3 344 cas positifs a été comptabilisée pratiquement en deux mois.
Les autorités sanitaires imputent cette montée vertigineuse du nombre de contaminations à l’amélioration des moyens de diagnostic, puisqu’au début de l’épidémie les services sanitaires mobilisés faisaient moins de tests en raison du manque de moyens et du manque de kits de dépistage.Face à l’avancée de l’épidémie conjuguée à l’indiscipline des citoyens, il est important voire nécessaire de fermer toutes les issues et moyens de propagation à ce virus. Autrement dit, le confinement total constitue la rançon à payer pour freiner un tant soit peu l’épidémie de Covid-19, durant ces deux jours de l’Aïd où toutes les conditions de contagion seront réunies.
Hanafi H. Liberté